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Les 5 et 6 septembre, le festival de Venise, qui s’est clos samedi 7, projetait, hors compétition, les huit épisodes de M. L’enfant du siècle, la série réalisée par l’Anglais Joe Wright sur l’inventeur du fascisme, Benito Mussolini. Le 6 au soir était annoncé le nom du nouveau ministre de la culture italien, Alessandro Giuli, 48 ans, qui milita dans sa jeunesse dans un groupuscule néofasciste. En novembre 2023 déjà, les milieux culturels s’étaient émus de l’arrivée à la tête de la Biennale de Venise, l’institution qui chapeaute la Mostra, de Pietrangelo Buttafuoco, un intellectuel sicilien qui ne cache pas ses sympathies pour l’extrême droite.
Autant dire que la projection en avant-première de M. L’enfant du siècle trouvait, dans ce contexte tendu, un écho particulier. Adaptée du best-seller du même nom d’Antonio Scurati, dont les trois premiers tomes ont paru en France aux éditions Les Arènes, entre 2018 et 2023, la série en reprend le principal fait d’armes : en multipliant les points de vue subjectifs, elle accentue les effets de proximité entre Mussolini, interprété par Luca Marinelli, et le spectateur. Avant une diffusion en France, prévue pour 2025, par Pathé, qui la coproduit, l’écrivain explique au Monde les ressorts et les enjeux de cette adaptation, dont il a suivi de près toutes les étapes. A 55 ans, le Napolitain en profite pour dénoncer la main basse qu’opère la présidente d’extrême droite du conseil, Giorgia Meloni, sur la culture de son pays.
Sa nationalité importe peu. La contribution de Joe Wright est d’abord artistique. Avant de le rencontrer, j’appréciais déjà son travail, notamment en matière d’adaptation littéraire, mais il me semble que c’est sur M. qu’il a exprimé le plus nettement ses talents d’auteur. Joe Wright avait, de son propre aveu, une connaissance limitée du fascisme. Il l’a approfondie en lisant mes livres, qui jettent un regard neuf, me semble-t-il, sur Mussolini.
Durant l’écriture du scénario, oui, des doutes ont émergé. Mais je n’ai jamais regretté d’avoir cédé les droits de mes romans pour qu’ils soient adaptés. Les séries s’adressent à un très large public. C’est ce que j’ai toujours défendu : l’idée d’un art populaire, d’une littérature qui parle au plus grand nombre. Cette exigence est devenue une nécessité éthique et politique à partir du moment où, avec M. L’enfant du siècle, j’ai décidé de raconter différemment la période fasciste.
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